En Côte d’Ivoire, les effets des crises sociopolitiques successives sur le secteur de la santé ont entraîné un dysfonctionnement de l’offre de soins et contribué à désorganiser un système de santé déjà fragile tant au niveau de l’accessibilité géographique et financière, des ressources humaines, du système d’information sanitaire que du financement et de la mise en œuvre des programmes de santé prioritaires.

Les difficultés structurelles existantes dans le secteur ont été fortement exacerbées, et se traduisent par : (i) d’importantes pénuries d’intrants et médicaments essentiels pour les enfants, la santé maternelle, les ARV et les vaccins, (ii) l’engorgement des services des urgences, (iii) le manque de personnel qualifié, l’inégale répartition des ressources humaines de santé ainsi qu’un personnel de santé peu motivé et déshumanisé, (iv) l’inadéquation et la vétusté des plateaux techniques et la non-conformité des établissements, (v) l’absence d’un mécanisme de protection contre le risque financier liée à la maladie et à la pauvreté des ménages, (vi) la faiblesse de son système de surveillance épidémiologique et, (vii) une gestion financière inadaptée du secteur.

Ces faiblesses ont eu pour conséquences une dégradation de l’état de santé général des populations marqué par la prédominance des maladies endémo-épidémiques et une mortalité élevée des couches les plus vulnérables, particulièrement le couple mère-enfant.

Avec un taux de mortalité maternelle estimé à 543 décès pour 100 000 naissances vivantes et une mortalité chez les enfants de moins de cinq ans caractérisé par une mortalité néonatale de 41 décès pour 1000 naissances vivantes et une mortalité infanto-juvénile de 125 décès pour 1000 naissances vivantes, l’atteinte des Objectifs N° 4, 5 et 6 du Millénaire pour le Développement à l’horizon 2015 semble compromise, les résultats étant très éloignés des valeurs cibles.

En outre, à la mi-2014, le gouvernement ivoirien s’est inquiété du contexte sous-régional de la maladie à virus Ebola, compte tenu des frontières que le pays partage avec le Libéria et la Guinée et a sollicité un appui de la Banque mondiale en vue d’améliorer son niveau de préparation et de riposte à une éventuelle épidémie.

Les interventions planifiées au titre du PRSSE s’alignent sur les priorités du Plan National de Développement et du Plan National de Développement Sanitaire 2012 – 2015, qui mettent l’accent sur les soins de santé primaires et le renforcement du système de santé. Elles s’articulent autour d’opérations complémentaires visant à garantir un accès équitable à des soins de santé de qualité pour tous, en particulier aux femmes et aux enfants.

A ce titre, le projet pilotera l'approche du Financement Basé sur la Performance (FBP) dans 19 districts sanitaires dont les indicateurs de santé sont jugés critiques, afin d’accroître le volume et la qualité des services fournis en mettant particulièrement l'accent sur l'amélioration de l'efficacité de la « gratuité ciblée » et d'autres interventions dans les domaines de la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et adolescente.

Le FBP est une approche innovante du financement du système de la santé axé sur les résultats et qui a été expérimentée avec succès au Burundi, au Rwanda ou au Sénégal. Le FBP vise à lever les obstacles dans l'utilisation et la qualité des services de santé, en particulier pour les plus vulnérables, à stabiliser ou réduire le coût de ces services, promouvoir l'utilisation efficace de ressources rares ou encore améliorer la motivation du personnel.

Pour faciliter la mise en œuvre du FBP, le projet financera des domaines complémentaires visant à renforcer le système de santé. Il s’agira notamment de réhabiliter des infrastructures sanitaires et fournir des équipements afin de soutenir la fourniture de services de santé de qualité dans 25 districts sanitaires.

Une assistance technique sera apportée au ministère en charge de la protection sociale pour le développement et la mise en place de la Couverture Maladie Universelle. L’enjeu est d’assurer un meilleur accès et un meilleur prix - d'abord pour les pauvres, mais en général pour la population - d'un ensemble minimum de services de santé de base et de nutrition.

En outre, le projet soutiendra le développement d'un solide système d'information de gestion sanitaire dans la production de données de qualité et leur disponibilité en temps opportun afin d’éclairer les décisions politiques, guider la mise en œuvre des politiques nationales et améliorer les résultats en matière de santé. Des efforts d’amélioration viseront aussi la gestion du système de santé afin de soutenir sa capacité à produire de meilleurs résultats.

Bien entendu, en lien avec l’épidémie d’Ebola, le projet renforcera les capacités de surveillance et d'intervention de l'Institut National d'Hygiène Publique pour la mise en place d’une réponse opportune et adéquate à une éventuelle crise sanitaire.